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« Nous avons équipé notre ensileuse d’une trémie pour complément »

Jérôme Sauvegrain, cogérant de l'EDT Vantomme, a modifié l'une de ses ensileuses, pour apporter un complément dans l'ensilage de maïs épis.

L’entreprise Vantomme a installé une trémie frontale à l’arrière de son ensileuse pour incorporer plus facilement un complément alimentaire dans l’ensilage.

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À l’EDT (1) Vantomme, la trémie frontale affiche une polyvalence impressionnante. En plus de servir au semis, elle est installée pendant quelques semaines à l’arrière de l’une des ensileuses de la société. Ce montage inattendu, qui arpente les routes et les champs du Cotentin, est destiné à incorporer un aliment dans le flux de récolte de la machine, facilitant ainsi le mélange de ce dernier avec l’ensilage de maïs épi. « Nous incorporons de l’Aliplus. Le but est d’obtenir un produit plus haut de gamme et mieux adapté que l’ensilage de maïs épis seul », détaille Jérôme Sauvegrain, cogérant de l’EDT Vantomme à Feugères (Manche), avec Élodie Dorléans.

Incorporer dans le flux

Les deux associés reviennent sur la genèse de ce projet : « Nous faisons de l’ensilage de maïs épi depuis longtemps et certains de nos clients ajoutent un complément spécifique, de l’Aliplus. Il doit être mélangé avec des céréales aplaties ou broyées et reposer au moins quatorze jours avant la première distribution (lire l’encadré). L’opération de mélange est souvent fastidieuse. Elle peut être réalisée à la ferme par le broyeur mobile ou avec les moyens du bord. » Les entrepreneurs ont donc réfléchi à une solution pour incorporer ce produit directement dans le flux de récolte de l’ensileuse. « Sur le marché, il n’y a pas grand-chose d’adapté, déplore Élodie. Les cuves à compléments sont relativement petites et plutôt destinées à des produits liquides. Chez nous, c’est un produit solide. »

Une trémie a été installée à l'arrière de l'ensileuse et un tuyau envoie le produit à l'avant de la machine. (©  Pierre Peeters/GFA)

De plus, il fallait une solution capable de recevoir et délivrer un gros débit. Les deux associés se sont donc tournés vers une machine présente dans leur cour, une trémie frontale, utilisée au semis de maïs pour incorporer l’engrais. « Elle était là et disponible, nous lui avons donc trouvé une utilisation supplémentaire », expliquent-ils.

Un support « maison »

Une ensileuse n’est pas prévue pour recevoir ce genre d’équipement. Des modifications et quelques heures d’atelier ont donc été nécessaires pour appairer ce duo original. « J’ai créé un cadre que j’ai boulonné à l’ensileuse pour fixer la trémie dessus, via les trois points de l’attelage », raconte Jérôme. Le moteur de la distribution est électrique alors que celui de la soufflerie est hydraulique, il a donc également fallu mettre en place des branchements pour entraîner le tout : « Vivagri, le concessionnaire de l’ensileuse, a ajouté une ligne hydraulique à l’arrière de la machine. Pour installer ou retirer la trémie, c’est l’affaire d’une heure. Le plus compliqué est de faire passer le tuyau. »

En effet, pour envoyer le produit dans le flux de récolte, un tuyau transporte la matière de la sortie de la distribution à l’avant de l’ensileuse. « Dans un premier temps, nous incorporions le produit au niveau des rouleaux d’alimentation avant le rotor, poursuit Jérôme. Mais cela engendrait de la poussière devant le chauffeur, et ça avait tendance à se colmater. » L’entrepreneur a donc replanché sur son invention et revu le positionnement du tuyau : « Désormais, le produit est incorporé juste derrière l’éjecteur à pales, c’est la dernière évolution de notre système. »

La trémie est fixée à l'ensileuse par une plaque faite maison. Des branchements ont été ajoutés pour entrainer le tout. (©  Pierre Peeters/GFA)

L’Aliplus est incorporé selon un ratio de 20 kg par tonne d’ensilage : « Cela représente environ 400 kg à l’hectare. Pour réussir à passer ce débit, il a fallu booster la distribution de la trémie. Elle n’est pas prévue pour un si gros dosage à l’origine. Nous avons fait un nouveau pignon, pour adapter la démultiplication entre le moteur et la distribution. »

Un chantier rodé

La trémie utilisée est une Maschio Gaspardo d’une capacité de 1 000 litres. Elle est donc ravitaillée régulièrement. « En plus, nous ne la remplissons pas au maximum, pour limiter son poids », concède Jérôme. Le débit de chantier est légèrement diminué mais le ravitaillement, lorsqu’il est effectué au big-bag, reste rapide. Sur ce plan, l’entrepreneur demande aux agriculteurs de prévoir eux-mêmes le produit et la gestion du ravitaillement : « Moi j’apporte la solution, eux le produit. » Il demande aussi que les parcelles soient détourées, pour faciliter le chantier et limiter les risques de dommage sur la trémie.

Le ravitaillement peut se faire avec des sacs de 22 kg, ou plus simplement, avec des big-bags. (©  Pierre Peeters/GFA)

En cabine, le chauffeur de l’ensileuse contrôle le fonctionnement du système grâce au terminal de la trémie qui a pris place dans l’habitacle. Un capteur situé au niveau des rouleaux d’alimentation informe la distribution de la position de la coupe. Ainsi, la distribution de produit est stoppée dès que la tête de récolte est relevée.

Sur les 250 ha d’ensilage de maïs épi réalisés par an, plus de 150 ha ont été récoltés avec l’ajout de complément en 2024. « Une partie de nos clients historiques prennent l’option, mais cette solution technique nous apporte également une nouvelle clientèle », confie Jérôme. Un bel exemple de différentiation sur un marché concurrentiel.

En cabine, la distribution est pilotée par le terminal de la trémie. (©  Pierre Peeters/GFA)

(1) Entrepreneur des territoires.

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